S’interroger sur le passé et l’avenir des archives cinématographiques, c’est d’abord ré-envisager le présent dans lequel nous sommes comme un moment de transition, caractérisé par son instabilité. Les transformations en cours aujourd’hui ne sont pas seulement techniques. Elles vont peut-être jusqu’à affecter l’identité même des archives.
Modérateur: Frédéric Maire (Directeur, Cinémathèque suisse; Président FIAF)L’identité et les missions des cinémathèques nationales se sont construites à partir de leurs contextes d’origine, qui furent chaque fois différents. Les histoires institutionnelles sont toujours des histoires sociales, qui dépassent le strict domaine des archives. Cadres politiques, économiques, éducatifs ou religieux ont joué des rôles importants, qui conditionnent encore leurs évolutions contemporaines et futures.
Modérateur: Christophe Dupin (Administrateur délégué, FIAF)Au sein des archives cinématographiques, certaines collections ont un statut singulier. Les collections d’appareils, les collections « non-film » ou les supports substandards posent des problèmes spécifiques de restauration, de traitement, de valorisation. Le numérique peut participer à les simplifier, mais aussi peut-être, dans certains cas, à les compliquer.
Modérateur: Laurent Le Forestier (Professeur, Université Lausanne)Repenser l’avenir des archives cinématographiques ne peut pas se faire dans l’abstrait : certaines institutions, de par les caractéristiques singulières de leurs missions, se trouvent confrontées à des problèmes spécifiques. Vastes ou limitées, homogènes ou transversales, ces collections d’archives spécialisées partagent ainsi des enjeux communs, décisifs pour leur évolution.
Modérateur: Benoît Turquety (Professeur, Université Lausanne)La FIAF regroupe des archives cinématographiques réparties sur tous les continents. Cette extraordinaire diversité géographique entraîne une grande variété dans la manière dont ces cinémathèques sont inscrites dans leur milieu économique, politique et culturel local. Ces contextes engendrent des histoires différentes et engagent à devoir, pour chaque cas, imaginer autrement les avenirs possibles.
Modératrice: Caroline Fournier (Cheffe du Département Film, Cinémathèque suisse)La transition que nous vivons actuellement nous a fait basculer en quelques années d’un univers analogique à un système entièrement numérique. La rapidité des changements techniques, l’émergence soudaine de possibilités nouvelles, nous place face à la nécessité de nous reposer les questions fondamentales qui orientent notre travail – des questions que chaque projet concret reformule différemment.
Modérateur: Haden Guest (Directeur, Harvard Film Archive)La programmation est une partie fondamentale du travail des archives. En ces temps où le numérique semble bouleverser les modes d’accès aux collections, elle constitue encore un lieu majeur de réflexion sur le rôle des cinémathèques dans la culture. C’est en réinterrogeant l’histoire des archives – au sein de la FIAF et ailleurs – que l’on peut redécouvrir des recherches et des tentatives singulières, qui peuvent aujourd’hui encore constituer des pistes originales pour construire l’avenir de la programmation dans les cinémathèques.
Modératrice: Chicca Bergonzi (Adjointe de Direction, Cheffe du Département Programmation et diffusion, Cinémathèque suisse)La transition numérique a transformé tous les aspects de l’activité des archives ; mais elle a sans doute surtout bouleversé les modes d’accès aux films. Le catalogue devient visible sous forme de plateforme, permettant une nouvelle circulation des données. Ce mode de visibilité inédit peut donner aux cinémathèques une place plus centrale dans l’espace culturel, mais impose en retour de repenser profondément la relation entre archives et détenteurs des droits.
Modérateur: Jon Wengström (Chef des Collections film, Svenska Filminstitutet)En coopération avec nos pairs des organisations professionnelles rassemblées au sein du CCAAA (Conseil de coordination des associations d’archives audiovisuelles), nous œuvrons activement et partout dans le monde à l’identification des dangers qui pèsent sur des archives et unissons nos forces pour les prévenir.
Au cours des quatre dernières années, la FIAF n’a eu de cesse d’insuffler au CCAAA force, solidarité, clarté et efficacité. Nous prendrons cette année la parole devant le Congrès de la FIAF pour exposer quelques-unes des questions qui nous occupent en priorité, pour en décrire le contexte et pour recueillir vos réflexions sur tous ces sujets. Cette année, le Second Century Forum dévoilera d’abord l’ensemble de ces enjeux mondiaux, puis s’ouvrira sur un débat avec nos membres. Le Forum sera axé sur les actions que soutient le CCAAA, en particulier dans les domaines des archives en danger, de la préparation aux catastrophes, de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel, du Symposium technique conjoint, de la formation et la sensibilisation, et du programme Mémoire du monde.
C’est Rachael Stoeltje, Présidente du CCAAA, qui animera le Forum. Brecht Declercq, Secrétaire général de la FIAT/ IFTA, Pio Pellizzari, membre du Comité exécutif d’IASA, et Madeline Bates (FOCAL), ainsi que nos collègues du CCAAA se joindront à elle pour contribuer au débat.
Bref historique du CCAAA :
En 1999, la Roundtable of Audiovisual Records (Table ronde des enregistrements audiovisuels) a reconnu le besoin pour les archivistes de s’engager plus activement et de collaborer à l’élaboration et à l’adoption de politiques de défense et de préservation des archives du monde entier. En l’an 2000, ladite Table ronde devenait le CCAAA (Conseil de coordination des associations d’archives audiovisuelles). Le CCAAA défend les intérêts des organisations professionnelles d’archives du monde entier travaillant à la conservation de documents audiovisuels, ce qui englobe films et émissions de télévision et de radio, et d’enregistrements audio de toutes sortes. Aujourd’hui le CCAAA fait office de passerelle entre les huit organisations qui en sont membres et qui ont pour mission de préserver le patrimoine audiovisuel mondial.
Comme tous les affiliés de la FIAF le savent bien, il y a peu, le cinéma de patrimoine vivait surtout dans les cinémathèques et quelques salles spécialisées, dans les ciné-clubs, les Festivals de Bologne ou de Pordenone, un peu à la télévision, en VHS – puis en DVD. Aujourd’hui, en raison notamment du développement du numérique, les films «anciens» ont peu à peu trouvé une nouvelle vie. Les festivals de films contemporains les plus importants comme Cannes ou Venise ont ouvert des sections spécifiques. De nouveaux festivals ont vu le jour, comme le Festival Lumière à Lyon. Des salles «vintage» se sont ouvertes. Et la diffusion des films classiques dépasse aujourd’hui très largement la salle de cinéma, à travers les plateformes numériques, qu’elles soient publiques ou privées, spécifiquement dédiées ou non.
Cela pose ainsi de très nombreuses questions liées aux droits des œuvres et des auteurs, au rôle des institutions qui ont, des années durant, préservé les éléments analogiques de ces films du passé, à l’éthique des numérisations et des restaurations, à la manière dont ce patrimoine peut et doit être mis en valeur, et bien sûr à la conservation de ces nouveaux éléments numériques.
Profitant de la présence à ce congrès de représentants de dizaines d’archives cinématographiques du monde entier, et avec un panel d’invités représentatifs de ces acteurs du patrimoine, nous proposons une table ronde pour dessiner un premier état des lieux de «nouveau» marché, de ses développements possibles et des difficultés auxquelles il se confronte.
Les archives cinématographiques sont aujourd’hui dans une phase de transition, liée notamment au recours au numérique à tous les niveaux de leur activité. La généralisation de nouveaux procédés de restauration des œuvres, de nouveaux modes de circulation, de mise en valeur, de catalogage, la gestion de ces nouveaux objets, ont d’importantes répercussions sur le travail des archivistes dans tous les domaines. Cette transformation est si importante qu’elle peut en venir à affecter la mission même ou la forme des archives de films.
Ce symposium propose de discuter ensemble des questions centrales posées par cette transition, en la replaçant dans une double perspective : celle du PASSÉ, renvoyant à l’histoire des archives, des institutions, des pratiques et des valeurs, et celle de l’AVENIR, afin d’essayer d’anticiper non seulement les problèmes à résoudre, mais aussi les apports des techniques et des pratiques futures rattachées aux cultures de la mémoire et du patrimoine.
L’analyse du contexte de création de certaines archives et de leur évolution au fil des ans peut nous aider à envisager le futur de nos institutions et à imaginer au mieux leur développement. Pour cette raison le symposium entend encourager les propositions de réflexion qui tentent une approche transversale qui ne prenne pas seulement en compte le passé ou le futur.
Nous souhaitons que les contributions proposées pour ce symposium soient aussi attentives, dans cette perspective, à la diversité des archives cinématographiques, par exemple au plan institutionnel (archives nées en lien avec des ciné-clubs et maintenant confrontées à la disparition de ceux-ci, au sein d’universités, sous l’impulsion de gouvernements, etc.) ou géographique (le numérique a pu favoriser l’émergence de nouvelles archives, liées à un lieu ou à un groupe particulier ; mais il a pu aussi engendrer des problèmes de reconfiguration pour des archives disposant de ressources insuffisantes ou confrontées à des supports et des corpus singuliers).
Enfin, les contributions sont invitées à s’attacher à ce qui caractérise les missions des archives, telles qu’elles ont été définies à l’époque du photochimique et telles qu’elles évoluent à l’époque du numérique.
Nous détaillons ci-dessous quelques exemples – non exhaustifs – de thèmes possibles :Les contributions individuelles doivent durer autour de 15/20 minutes (hors séance de questions). Merci de nous soumettre vos propositions en résumant les grandes lignes de votre contribution (en 150 mots environ) et d’adjoindre une courte biographie.
Les propositions peuvent être présentées dans une des trois langues du symposium et de la FIAF (anglais, français ou espagnol).
Le symposium doit être l’occasion de discussions et de partage. Par conséquent, les propositions allant au-delà de la simple présentation sont fortement encouragées. Pendant la phase d’examen et de retours, les organisateurs du symposium et son comité d’experts pourront livrer leurs commentaires et suggestions aux candidats afin de mettre au point un programme de symposium à la fois complexe et compact. Certaines propositions pourront se voir recommandées à d’autres événements du congrès et d’autres devront être refusées.
Les propositions doivent être envoyées à cette adresse : [email protected]
Nouveau délai de réception des propositions: 15 décembre 2018
Réponse des organisateurs : 31 janvier 2019
Cinémathèque suisse et Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’Université de Lausanne (UNIL)
Chicca Bergonzi, Cheffe du département Programmation et diffusion de la Cinémathèque suisse
Christophe Dupin, Administrateur délégué de la FIAF
Caroline Fournier, Cheffe du département Film de la Cinémathèque suisse
Haden Guest, Directeur du Harvard Film Archive
Laurent Le Forestier, Professeur, Université de Lausanne
Benoît Turquety, Professeur, Université de Lausanne
Jon Wengström, Chef des Collections film du Svenska Filminstitutet
En Suisse, le Canton de Vaud et la Ville de Lausanne accueillent deux institutions de premier plan pour le développement de la recherche en cinéma et la conservation des films : la Cinémathèque suisse, d’une part, et l’Université de Lausanne, d’autre part, avec en son sein la Section d’histoire et esthétique du cinéma de la Faculté des lettres. Bénéficiant de liens historiques avec la Cinémathèque suisse, l’Université de Lausanne propose une formation universitaire en études cinématographiques – la seule en Suisse romande – couvrant l’ensemble des études supérieures, depuis le baccalauréat jusqu’au doctorat. Depuis 2010, les relations avec la Cinémathèque sont considérablement renforcées grâce à un partenariat qui leur donne une force et une ampleur nouvelles, la Collaboration UNIL+Cinémathèque suisse.
Outre la proximité géographique des institutions, le partenariat entre la Cinémathèque suisse et l’UNIL doit beaucoup à Freddy Buache, qui a œuvré dès les années 1950 en faveur d’une approche érudite du cinéma, mais également pour un rapprochement avec le milieu de l’enseignement universitaire. En 1966, l’introduction officielle du cinéma à l’UNIL, sous la forme d’un cours de sociologie du film dispensé par le professeur Alphons Silbermann, s’appuie déjà sur une collaboration active avec l’institution voisine. En 1984, Freddy Buache crée un cours d’histoire du cinéma à l’École cantonale des beaux-arts – l’actuelle ECAL –, puis le poursuit à l’UNIL et continue de l’enseigner aujourd’hui, bientôt 35 ans après sa création ! En 1990, la Section d’histoire et esthétique du cinéma est donc logiquement fondée sous les auspices de la Cinémathèque, avec l’ouverture d’une chaire attribuée au professeur François Albera. L’arrivée d’Hervé Dumont à la direction de la Cinémathèque en 1996 prolonge cette dynamique collaborative, aboutissant à la publication en 2007 de deux ouvrages essentiels codirigés avec la professeure Maria Tortajada, Histoire du cinéma suisse 1966-2000 (2 tomes).
Sur les bases établies par ses prédécesseurs, Frédéric Maire donne, peu de temps après son arrivée à la direction de la Cinémathèque, un élan décisif à la collaboration entre les deux institutions, en définissant avec Maria Tortajada un projet de partenariat ambitieux et novateur, soutenu par le Recteur de l’UNIL Dominique Arlettaz. Lancé en 2010, ce partenariat vise à doter les deux institutions des moyens nécessaires au plein développement de projets communs, allant dans le sens de la valorisation des archives de la Cinémathèque, de l’organisation d’activités conjointes et de la médiation culturelle. L’originalité de la Collaboration tient surtout à l’interaction constante entre archivistes et universitaires, posée d’emblée comme condition du partenariat. En 2018, la Collaboration UNIL+Cinémathèque suisse affiche ainsi un premier bilan de 7 projets de recherche, dont 5 ont sollicité et obtenu le soutien financier du Fonds national suisse de la recherche scientifique. L’organisation conjointe du symposium « Du passé au futur des archives cinématographiques » (8-9 avril 2019) constitue une étape importante dans le développement de la Collaboration.